De Kyoto à Copenhague
Kyoto, c’est un symbole: une crise planétaire, le dérèglement climatique, qui oblige les états à fixer des règles environnementales, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le but de cette réduction, c’est d’éviter le réchauffement de la planète, la fonte des glaciers, la désertification ou l’inondation de certaines zones, à l’issue de processus millénaires qui sont fortement aggravés par l’activité humaine et menace l’home en tant que tel. Les changements climatiques créent de nombreux désordres : déplacement des personnes cherchant refuge, cyclones, inondations, vague de froid et de chaleur, migration d’espèces tropicales se déplaçant vers des zones tempérées. Les catastrophes naturelles se multiplient et avec les dégâts humains et matériels dont les premières victimes sont, à l’instar de ce qu’a montré l’ouragan Katrina en 2005, les plus démunis. Dès lors, le but de cette réduction serait d’éviter un réchauffement global supérieur à 2°C des températures moyennes en limitant la concentration des GES à 450 parties par million (430 aujourd’hui et elle augmente de 2 ppm par an!).
Cette démarche a démarré en 1992 avec la réunion d’une convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Le protocole de Kyoto est né en décembre 1997. Dans ce protocole, 38 pays industrialisés dits de l’annexe 1 sont tenus de réduire leurs émissions de 5,2% (alors que l’Union Européenne proposait 15%) par rapport au niveau de 1990, d’ici 2012 ! Cette réduction doit être assurée par des programmes nationaux (ex. programme européen depuis 2000), des mécanismes de flexibilité qui permettent de réduire le coût des adaptations: mécanismes de développement propre (MDP), mise en œuvre conjointe (MOC) ou encore marché international des droits d’émission, et enfin des mécanismes de contrôle.
Cet ensemble de règles est très précis, les projets de taxe n’ont pas été consensuels. Certaines questions ont fait débat: les objectifs, mais aussi les moyens tels que la notion de « puits de carbone » (prise en compte des surfaces agricoles et forestières), ou encore la non-prise en compte des transports maritimes et aériens (65% d’augmentation depuis 1990 pour 4 à 9% du total des rejets) dans le calcul des émissions.
Le bilan? Des avancées minimes! Les pays de l’annexe 1 n’ont diminué leurs émissions que 2,8%, bien en deca des objectifs de Kyoto, et cette baisse est plus dûe au déclin de l’économie du bloc soviétique qu’aux efforts des états. Des fonds ont été mis en place par les pays de l’annexe 1 pour aider les pays à s’adapter. Seul un tiers du fonds prévu pour les pays les moins avancés a été constitué. 2% des MDP « mécanismes de développement propre » sont utilisés comme fonds d’adaptation, mais aucune instance n’a été désignée pour administrer ces fonds qui n’ont pu être utilisés. Ces fonds, par ailleurs, produiraient au plus 200 millions de dollars d’ici 2012 alors que des dizaines de milliards seraient nécessaires selon la banque mondiale pour financer ces adaptations.
Depuis le sommet climatique de Kyoto, le dérèglement climatique s’est accentué et accéléré avec le développement des pays émergents. La demande mondiale d’énergie a été multipliée par 2 depuis 1990. Les objectifs de Kyoto n’ont pas été respectés, il aurait fallu que les pays industrialisés réduisent massivement leurs émissions et qu’ils aident tout aussi massivement les pays en voie de développement. Des questions doivent être tranchées: quels critères pour l’utilisation des fonds d’adaptation? Quelle gestion des « puits de carbone » alors que la déforestation est aujourd’hui responsable de 18 à 25% des émissions? À travers ces questions, il est évident que le protocole de Kyoto ne doit pas être prolongé, mais qu’il faut définir un cadre plus contraignant, notamment pour les pays du nord et l’utilisation des mécanismes d’adaptation.
Copenhague ou COP15
COP15 pour 15ème « Conference of the Parties » est la conférence de l’ONU qui se tiendra du 7 au 18 décembre 2009. Elle clôture toute une série de réunions, groupes de travail, conférences afin de donner une suite au protocole de Kyoto et de répondre à ces questions :
Quels objectifs de réduction d’émissions de GES et pour quels pays?
Quels mécanismes pour atteindre ces objectifs?
L’un des enjeux de Copenhague est de trouver un accord sur les réductions de GES.
Etant les principaux producteurs de GES (55% de la production mondiale), l’accord pour être efficace, doit forcément se faire avec la Chine, les USA et l’Europe. La Chine n’est pas très motivée pour signer un quelconque accord. En effet, elle estime (à juste titre) qu’environ la moitié de sa production de GES est due aux exportations de biens manufacturés, produits pour d’autres pays ! La seule solution serait que l’Europe et les USA montrent l’exemple en s’engageant sur d’ambitieux objectifs. L’Europe peut être considérée comme un bon élève de la lutte contre les changements climatiques comparée aux USA au regard des objectifs affirmés. Cependant elle n’a pas réussi à atteindre les objectifs de Kyoto : elle est un moins mauvais élève. Elle a adopté l’objectif 20-20-20 : 20% de réductions de GES, 20% d’énergie renouvelable et 20% d’efficacité énergétique. L’objectif de 20% de diminution des GES est certes plus ambitieux que ceux qui sont affirmés par les autres pays industrialisés mais ne respecte pas l’objectif de diminution de 25 à 40 % que recommande le GIEC. De surcroît, l’UE n’a pas assorti l’objectif du 20-20-20 du cadre réglementaire, de sanction en cas de non-respect, et du budget pour le réaliser. Le Président Obama bien qu’initiant un tournant par rapport à la politique de GW Bush est incapable d’engager les changements nécessaires. Il a, par exemple, proposé une diminution de 17% par rapport à 2005, ce qui équivaut à moins de 5% par rapport à 1990 qui est le critère de référence du GIEC.
L’enjeu de Copenhague est d’imposer au USA une réduction significative des GES, d’encourager l’Europe à continuer ses efforts et de convaincre la Chine de leurs sincérité afin qu’elle s’engage aussi dans un processus de lutte contre le changement climatique.
Il y a un risque de voir sortir de Copenhague des fausses solutions comme les biocarburants ou le nucléaire. Les biocarburants sont responsables de l’aggravation de la crise alimentaire par l’exploitation intensive de terrains réservés à des cultures vivrières. Comme l’a montré la visite de Kadhafi, Nicolas Sarkozy va tenter de promouvoir le nucléaire comme solution miracle à la crise énergétique. Un développement du parc nucléaire a pour risque l’épuisement des gisements d’uranium, mais surtout cette technologie n’a pas une empreinte écologique nulle (beaucoup de déchets à gérer pendant des siècles …). D’une manière générale, ce sont des mauvaises solutions car elles visent seulement à remplacer une énergie par une autre et non à un changement de comportement (transport en commun, efficacité énergétique).
Mobilisation
A l’heure actuelle, il existe 2 collectifs de mobilisation sur le sommet de Copenhague : Ultimatum Climatique et Urgence Climatique Justice Sociale.
Il est composé principalement de Greenpeace, Action contre la faim, Fondation Nicolas Hulot, Care et du secours catholique. L’objectif de ce collectif est d’alerter la population sur les conséquences des changements climatiques et son message est un appel à Nicolas Sarkozy à « prendre la tête » du combat contre ces changements lors de Copenhague. Cependant ce collectif refuse toute position partisane visant à proposer des changements de nos modèles de développement. C’est pourquoi le MJS est plus particulièrement investi au sein de UCJS (Urgence Climatique Justice Sociale)
Ce collectif va plus loin dans le message sur Copenhague. En plus d’alerter et mobiliser la population sur les risques des changements climatiques et les enjeux de Copenhague, il revendique un accord international ambitieux de réduction des émissions (correspondant aux objectifs préconisés par le GIEC), une justice climatique, avec notamment la reconnaissance de la dette écologique et des politiques radicales, alternatives et solidaires, du local au global (taxation internationales, sobriété énergétique, relocalisation et démocratisation de l’économie…). Il regroupe de nombreux syndicats (unef, sud…), organisations politiques (Jeunes verts, NPA jeune, PG …) ainsi que des associations (Attac, les amis de la terre, fac verte, utopia…).
Le MJS est un membre actif du collectif jeune et il est membre du collectif global. « Urgence Climatique, Justice Sociale » est intégrée au collectif européen « Climate Justice » qui réunit tous ceux qui refusent de dissocier la question écologique de la question sociale car les deux problématiques sont intrinsèquement liées.
Source : MJS76