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Blog d'Aurélien VIOLETTE.

Martine Aubry et le climat

En matière de politique climatique, seule la combinaison « baisse de la consommation/développement des renouvelables » peut nous permettre de tenir les objectifs réductions des émissions de CO2. Il convient de lancer un grand programme de réhabilitation du patrimoine bâti existant : 25 millions de logements à réhabiliter. Ce programme de réhabilitation devra mobiliser des fonds privés et des soutiens publics, notamment pour le logement social et les propriétaires occupants modestes. C’est là un chantier qui nous emmènera jusqu’à au moins 2050. L’enjeu n’est pas tant d’imposer que de mettre en place les dispositifs publics et privés qui permettent de financer les investissements, investissements au demeurant fort productifs. Parallèlement, la lutte contre le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources en hydrocarbures et la sortie du nucléaire ne trouveront de solution qu’à la condition de faire des ressources renouvelables la base du système énergétique. Le recours aux énergies renouvelables doit pouvoir assurer l’essentiel de la production énergétique dès l’horizon 2030. Lorsque la France a décidé de se lancer dans le programme électro-nucléaire, les investissements ont été colossaux. Mais la volonté politique et économique était là. C’est bien la preuve que l’on peut changer de trajectoire énergétique à condition de le vouloir.

 

La nouvelle donne énergétique, c’est aussi une nouvelle organisation de la production : déconcentrée et diversifiée. L’usager devient un acteur majeur du système, il maîtrise sa demande et peut même devenir producteur. Déjà,  les collectivités territoriales jouent un rôle essentiel pour organiser les productions d’énergie locale, et encourager la maîtrise de la demande. Je souhaite que leurs compétences soient renforcées dans le cadre d’une loi de décentralisation qui devra assurer la cohérence entre les initiatives locales et le réseau national et européen. Le grand chantier à échelle nationale et européenne, c’est celui du remaillage des réseaux qui doit suivre cette évolution, étape essentielle dans la construction de la Communauté Européenne des Energies. Un volet fiscal doit venir compléter ces dispositifs. Notre projet mentionne explicitement l’instauration d’une contribution climat-énergie. Mais il est essentiel que le rythme d’accroissement progressif du niveau de cette contribution soit calé sur les progrès possibles d’efficacité énergétique réalisés par les ménages. Il faudra que cette mise en place face l’objet de soutiens publics pour les populations modestes. J’y suis favorable, enfin, dans le cadre d’une réforme  globale qui augmente la progressivité et la justice fiscale.

 

Pour réussir le facteur 4 d’ici 2050, l’objectif de réduction des émissions de 30% a minima en 2020, comme le Parlement européen l’a noté, est la première étape d’une trajectoire vertueuse. Il est une cible intermédiaire obligée si l’Europe veut tenir ses engagements et réduire ses émissions d’au moins 80 % d’ici 2050, et inciter les acteurs économiques à modifier leurs comportements. En France, l’objectif de réduction d’ici à 2020 est de 20%. Notre capacité collective à atteindre et dépasser cet horizon dépend de l’ambition de développement des ENR et de réduction des consommations d’énergie. Or, le gouvernement nous a fait prendre un retard handicapant en matière d’énergies renouvelables. Il a sabordé les filières une par une avec tant d’application que la France est le seul pays au monde où se multiplient les plans sociaux dans ce secteur.

 

*

 

Aujourd’hui la plupart des grands pays réfléchissent de manière prospective à une économie sobre en carbone et prennent des initiatives parfois spectaculaires. L’Europe, après plus de dix ans d’efforts, ne doit pas se laisser distancer. Se contenter de l’objectif de réduction de 20% des émissions signifierait renoncer à faire partie des économies innovantes de demain. Dans le contexte de crise que nous connaissons, cet objectif ne crée aucune incitation à transformer l’économie européenne, ne donne aucune visibilité sur le cadre politique qui orientera les investissements nécessaires à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables.

 

Son impact sera insuffisant pour inciter les acteurs économiques à modifier leurs comportements. Or, c’est une vision à long terme que l’Europe doit incarner. L’objectif de 30% a minima en 2020, comme l’a noté le Parlement européen, est une cible intermédiaire obligée si l’Europe veut tenir ses engagements et réduire ses émissions d’au moins 80% d’ici à 2050. Il faut inscrire la première étape dans une trajectoire ambitieuse, qui dessine l’avenir économique pour les cinquante années à venir.

 

Pour redonner aux peuples européens, tentés par les replis populistes et nationalistes, le goût de l’Europe, nous avons besoin d’un nouveau projet commun, articulé autour de trois piliers : l’investissement durable et solidaire pour l’emploi, la démocratie et la transition environnementale. C’est le projet du XXIe siècle que les sociaux-démocrates et les socialistes portent pour les Européens.

 

Source : Martine Aubry

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