Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'Aurélien VIOLETTE.

Martine Aubry et la Mondialisation

L'Europe va mal. Elle souffre des égoïsmes nationaux, de l'absence de vision du couple franco-allemand, surtout elle manque de projet. Pendant que nous restons immobiles, le monde avance, les émergents d'hier sont nos concurrents d'aujourd'hui et si rien ne change, les donneurs d'ordre de demain. Pourtant, la crise ne disqualifie pas l'Europe mais cette Europe prisonnière d’une idéologie en faillite : austérité généralisée plutôt que croissance partagée, concurrence plutôt que convergence, libre-échange plutôt que juste-échange.

 

Martine Aubry a résumé le choix qui s'offre désormais à tous les européens : « l'audace ou l'enlisement ». Au coeur de la crise, elle a réuni les dirigeants socialistes et sociaux-démocrates européens. Au Parti socialiste, elle a permis le dépassement du Oui et du Non au traité constitutionnelle autour d'une vision offensive de la construction européenne. Dans la primaire, elle fait des propositions sérieuses et ambitieuses pour que l'audace l'emporte.

 

La première audace pour l'Europe, c'est l'audace d'innover. Depuis 15 ans, plus aucun champion industriel n'a émergé sur le continent, l'agenda de Lisbonne qui devait augmenter progressivement les dépenses de recherches de l'Union a été abandonné, l'euro échappe encore à toute gestion politique contrairement à tous nos grands concurrents – les Etats-Unis, la Chine - : l'urgence est là, l'UE n'a plus le temps d'attendre que tous ses membres se mettent d'accords. Dans le cadre des coopérations renforcées, il nous faut retrouver l'Europe des grands projets, des projets concrets, celle qui avait conduit à la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier en 1952. Dans le nouveau modèle social-écologique promu par Martine Aubry à l'échelle nationale et internationale, l'Europe doit être en pointe :

 

en mettant en oeuvre des eurobonds qui ne doivent pas seulement servir à mutualiser les dettes souveraines, mais aussi à financer les indispensables projets industriels, scientifiques, technologiques dont la croissance et l'emploi en Europe ont besoin ;

en créant une Communauté européenne des énergies pour sécuriser les approvisionnements énergétiques de l'Union, diversifier ses sources de productions, réduire sa consommation.

En mettant en place d'une taxe sur les transactions financières à 0,05% à l'échelle européenne qui rapportera 200 milliards d'euros et participera notamment au financement de grandes infrastructures européenne comme la LGV Paris-Berlin

En créant un brevet européen pour aider les PME innovantes à protéger leurs innovations et à  exporter.

La deuxième audace européenne, c'est l'audace de résister dans la mondialisation. Résister au dogme mortel du libre-échange sans frein qui nous a plongés dans la crise. Résister à l'immobilisme et au passéisme de ceux qui se complaisent – ou se contentent – dans une Europe devenue simple pion sur l'échiquier mondial dominé par la Chine, l'Inde, les Etats-Unis et d'autres. Résister aux discours et aux politiques de certaines élites indifférentes aux délocalisations industrielles ou fiscales qui s'accommodent d'une France chambre d'hôte dans une Europe musée.

 

Martine Aubry appelle à un sursaut : l'Europe doit défendre ses valeurs mais aussi ses intérêts, ses salariés, ses entreprises, ses savoir-faire, ses territoires. Face à la concurrence exacerbée et déloyale, elle propose le « juste-échange » :

 

les normes sociales, sanitaires, environnementales et techniques fondamentales doivent être inscrites dans les règles du commerce international ;

à défaut, des écluses tarifaires au frontières de l'Europe devront être mises en place pour exiger de nos partenaires la réciprocité commerciale ;

la politique monétaire menée par la BCE devra être réorienter vers la croissance, l'emploi et la compétitivité des industries de l'Union à l'export ;

les clauses de sauvegarde dans les accords commerciaux bilatéraux que l'Union passe avec ses partenaires devront être renforcées.

*

 

De sommets mondiaux en sommets mondiaux, de G8 en G20, rien ne change. Beaucoup de proclamations mais pas de décisions.

 

Cette crise, nous le savons, n’est pas un accident de parcours. C’est une crise profonde du système lui-même et de la logique qui mène le monde. C’est un système gouverné par ce que Joseph Stiglitz a appelé la « goinfrerie capitaliste ». C’est une véritable crise de civilisation.

 

La crise de la société du tout-avoir et non du mieux-être, une société qui étend sans limite le domaine de la marchandisation. Le corps, le vivant, la culture, la nature, tout devient marque et profit.

 

La crise du profit maximal au détriment de l'intérêt général, de la primauté de l'urgence et du court terme sur le long terme. La crise d’une société qui surexploite et détruit les ressources naturelles, qui confisque la richesse pour une minorité et crée des injustices pour le plus grand nombre.

 

Ce système, c’est celui de la concurrence de tous contre tous, entre les individus, entre les nations, entre les continents, au lieu de la coopération et la fraternité entre les peuples. Ce que le marché a détruit, ce que l’argent a pourri, ce que la finance a dérobé aux entreprises et aux salariés, ce que le productivisme a abimé sur notre planète, seuls la politique et un autre modèle de société peuvent le restituer.

 

L’heure n’est plus à proposer des adaptations au système, il faut en changer. La crise est totale, la réponse doit être globale. Cet immense défi, c’est le devoir des progressistes aux quatre coins du monde, de le relever. C’est notre devoir face à l’histoire et aux générations qui viennent.

Source : Martine Aubry

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article